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rivière dans la masse sombre des épinettes qui la bordait.

Il devinait le sentier accoutumé parce que là où il passait la neige était plus dure sous les pieds.

À intervalles, il s’arrêtait, et lançait son cri, son appel. Il attendait quelques secondes et repartait. Ses yeux habitués à l’obscurité, essayaient de la percer.

Soudain, il s’arrêta. Un bruit faible venait vers lui. Il entrevit une forme blanche, toute ployée et qui se mouvait péniblement.

C’était Joseph.

Le frimas recouvrait sa tuque et le col de son manteau ; aux cils, à la moustache, des glaçons pendaient.

Ils étaient à un demi-mille du camp.

Jacques procéda au plus pressé. Dans l’état d’épuisement de son compagnon, il savait que la distance relativement courte serait une étape trop grande à franchir et une épreuve au-dessus de ses forces déclinantes.

D’un coup de canif, il coupa les mèches glacées des raquettes. Il fit ingurgiter à Joseph un peu