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Dans ce silence qui les recouvrait, ils avaient peine à concevoir qu’il existait quelque part des villages, des villes, des cités. L’influence de la sauvagerie, de la solitude pesait sur eux. Ils en oubliaient le monde extérieur. Une surabondance de vie était en eux, une vie physique, animale.

Malgré l’obscurité qui les surprit, reculant les rives ou les rapprochant, causant des illusions d’optique, ils atteignirent l’objectif de la journée.

Le shac était petit, suffisant pour y étendre leurs sleeping-bag. Ils s’y glissèrent demandant au sommeil des forces nouvelles pour le jour du lendemain. Ils dormirent d’une traite, la nuit entière, d’un sommeil de plomb qu’aucun rêve ne traversait.

Quand ils se levèrent, le soleil commençait d’argenter la rivière.

Faire chauffer le thé, déjeuner de croûtons de pain et de quelques tranches de lard coupées à même le morceau qu’ils se passaient de main à main, et le voyage recommença.

Le paysage variait peu. Seulement on s’apercevait à la végétation plus rabougrie qu’on avan-