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qui servaient d’abris aux ingénieurs et à leurs aides. Le terrain déboisé s’étend en pente douce jusqu’au bord de l’eau. Un banc rustique invite à la halte, au repos.

Les jeunes gens s’y installèrent.

Ils se regardèrent profondément, chacun scrutant le regard de l’autre pour y découvrir le mystère qui les troublait.

— Mariette… commença-t-il, et l’émotion, une émotion subite et qu’il ne pouvait dominer le paralysa. Il fit un effort sur lui-même et continua :

— Mariette… Je pars demain avec Joseph…

— Vous allez être longtemps sans revenir ?

— Jusqu’au printemps… Avant de partir, je voulais te demander quelque chose.

— Parles…

Pour la première fois, ils se tutoyaient d’un accord tacite et spontané.

— Je voulais… te dire… te demander… Je voudrais t’embrasser.

Troublé tout à coup jusque dans sa chair, il appuya longuement ses lèvres sur les siennes,