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lui parvinrent, le renseignant sur l’objet des reproches.

— Comment ! Tu y parles… toé… Un gars dont le père a tué… Tu sais pas qu’y a été pendu, son père…

Il se retourna, marcha vers le groupe.

À son arrivée, les têtes se détournèrent ; les yeux se baissèrent.

Il comprit que l’ostracisme était complet, que la vie à Valdaur, dorénavant ne serait plus tenable, que chaque jour le supplice s’aggraverait des regards méprisants, et qu’on lui cracherait au visage l’opprobe dont il n’était pas coupable.

La tentation le saisit de se dresser devant ces gens, de les narguer, de les défier.

À quoi bon ?

Une solution s’imposait, la seule, la plus logique.

Il avait en poche son salaire des derniers mois.

Comme le train arrivait, il y sauta, et, debout sur la plateforme, la tête haute, il regarda avec un air de bravade, la foule de ses concitoyens.