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ne venait pas interrompre son travail, il besognait, compensant le temps perdu.

Comme il avait grandi beaucoup, et qu’il était fort pour son âge, Philibert ne se gênait pas de l’exploiter, de lui confier des travaux parfois trop durs.

Animé de son implacable fatalisme, il ne se révoltait jamais.

Maintenant que fleurissait dans son cœur l’espérance de pouvoir, un jour, lire dans les livres, comme il avait vu la maîtresse, un horizon agrandi s’ouvrait devant sa jeune imagination.

Au printemps, il fit sa première communion.

Pour la circonstance, faisant taire sa lâdrerie, madame Jodoin lui acheta un habit. Pour la première fois, il endossa un complet qui ne provenait pas des hardes de Philibert. En proie à une sorte de fierté vaniteuse il s’examina longuement dans la glace, au magasin du père Savard.

Mais, parce qu’il communiait dans quelques jours, et qu’on lui avait dit qu’il ne fallait jamais être trop fier de soi, parce que c’était un péché