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Suivi de Jacques, il se dirigea vers un morceau de terrain défriché de l’été et situé à quelques arpents de la maison.

La vaisselle lavée, Madame Jodoin soigna ses poules, balaya le perron, y transporta son unique chaise berceuse, et, profitant du rare soleil, s’y installa pour ravauder les bas de son homme.

Sur la route, une silhouette sombre attira son attention. Elle reconnut à sa démarche pesante et lourde, l’abbé Boudrias se dirigeant de son côté.

— Monsieur le curé profite du beau temps lui aussi, pour faire sa promenade, songea-t-elle. Mais quand elle le vit enfiler le sentier qui conduisait chez elle, elle se demanda :

— Qu’est-ce qui peut bien l’amener à venir nous voir.

Elle se leva, défit vivement son tablier, remisa son ouvrage et s’apprêta, solennelle et digne, à recevoir le visiteur. C’est toujours un événement dans une paroisse que la visite du curé.

— Bonjours, m’sieu le curé, s’empressa-t-elle de saluer, obséquieuse.