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Abandonnant définitivement la vie des grandes villes, il voulut que la richesse dont il ne savait que faire et qui maintenant lui pesait parce qu’il ne trouvait pas les moyens de l’employer à sa satisfaction, servît au moins à une juste cause.

Le seul homme qui s’était jadis intéressé à son misérable sort lui parut le seul apte à en faire un judicieux emploi.

Avant de retourner, et pour toujours à la sauvagerie d’où il venait il voulut, par un dernier sursaut d’orgueil blessé, revoir des lieux témoins de son humiliation. Il voulut voir les gens qui l’avaient dédaigné, ramper à ses pieds, ignobles et bas, et se repaître du spectacle de leur abjection.

Ses affaires réglées, il prit le train pour Valdaur.

Durant le trajet, il se représentait Philibert Jodoin et sa femme, s’empressant autour de lui ; il voyait la multitude vile de ses anciens concitoyens quémandant un regard, une marque d’attention.

Ah ! comme cette minute du retour le paierait des humiliations passées !

Tous, ils en seraient pour leurs frais.

Il s’arrêterait chez un seul homme, celui-là seulement qui avait eu pitié de lui.