Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/155

Cette page a été validée par deux contributeurs.

travers bois, « piqueter » les quatre extrémités du terrain qu’il se réservait.

Le lendemain, il sauta dans son canot, le cœur gai, l’âme en fête et se dirigea sur Amos faire recorder sa découverte.

Il avait une raison d’être : l’exploitation de son bien. Sous le miroitement des possibilités réalisables, l’ambition était venue. Elle grandissait, s’emparait de lui.

Il serait, il était par la fortune et l’argent une puissance avec qui, désormais, il faudrait compter.

Des sourires étranges erraient sur ses lèvres, des lueurs où il y avait de la férocité, traversaient ses prunelles.

Il pourrait lutter contre la société. Il la ferait s’incliner devant lui, lécher ses semelles pour la volupté âcre de la mépriser plus profondément encore.

Depuis deux ans, il n’était sorti de sa retraite que lorsque l’obligation commandait d’aller chercher des vêtements et des vivres. Il n’apportait que les plus élémentaires : de la farine, du sel, du sucre, du thé ; la chasse et la pêche lui fournissaient le reste.

On chuchotait bien à Amos et ailleurs parmi