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On était au printemps. Les pluies chaudes d’avril avaient aidé les rivières et les lacs à se débarrasser de leur manteau de glace.

Sur la foi de renseignements puisés au hasard d’une conversation, il se dirigeait vers le Kiénawisik. Tout le pourtour du lac était fortement minéralisé. Déjà quelques claims étaient « stakés » qui promettaient de beaux rendements. L’un était sous option. Un puits creusé à quatre-vingts pieds indiquait une forte teneur en or. On prétendait l’évaluer de quatorze à dix-huit dollars la tonne de minérai ; c’est du moins ce que l’analyse des échantillons avait révélé.

La chance aidant, il trouverait peut-être.

Peut-être le Destin mauvais était-il las de le frapper ?

Parti de bon matin, dès le lever du jour, Jacques Bernier, rude gaillard sur l’aviron ne connaissant pas la fatigue, campa le premier soir sur les bords du Lac Lamothe.

Au jour du lendemain, qui était lumineux et tranquille, il traversa le lac dans sa largeur et se dirigea vers l’embouchure de la « Milky River » qui prend sa source dans le Kiénawisik.

Étroite et méandreuse, cette rivière qui tire son