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— Oui, Mariette, je vous pardonne et je vous plains… Si j’ai eu tort de vous cacher certaines choses, j’en ai été bien puni… J’ai fait la folie de croire en un avenir de bonheur ; j’ai fait la folie de croire en vous… Vous avez eu peur de croire en moi comme je croyais en vous… Mariette Lambert, je vous plains… Difficilement, vous m’oublierez ; le remords vous en empêchera.

Par bravade, il ajouta :

— Moi, je vous oublierai… Je me consolerai ; je suis même consolé… Maintenant, nous n’avons plus rien à nous dire… Demain, je pars, et jamais plus vous ne me reverrez. Adieu.

La laissant seule, abîmée dans sa peine, il retourna à sa chambre, et, pour chasser au loin la tristesse de ses pensées, il s’enferma dans la lecture d’un magazine que le détective avait laissé.

Il ne voulait plus souffrir. Il ne voulait plus connaître ni amitié, ni amour, ni douceur, ni pitié.

Il venait de payer le dernier tribut.

Il regardait le monde d’un autre œil, enveloppant chaque individu dans la haine qui l’animait.

Il considérait la vie comme une lutte. L’instinct seul, et le premier, la cruauté, guidait les hommes.