Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vant ses juges, seul, sans avocat, sans soutien, sans conseil.

Sa seule attitude ! Il pleurait, il sanglotait.

Par moments, il se sentait devenir fou, et roulait autour de lui des yeux hagards de bête traquée.

Il souhaitait un dénouement rapide. Au moins, ce serait fini.

Le juge lui nomma un défenseur d’office, un jeune homme d’une bonne volonté certaine, mais sans l’expérience ni les capacités voulues. Le Procureur de la Couronne eut tôt fait de détruire les quelques arguments de son plaidoyer. Le réquisitoire fut terrible. Il y déploya une ardeur et une violence inouïe, flétrissant au nom de la Vertu et de la Société qu’il fallait venger, l’acte odieux de l’individu appuyé à la barre.

Les délibérations furent courtes ; le verdict unanime.

Quelques mois plus tard, une femme faible et pauvre et un petit enfant demeurèrent dans la vie, sans ressources et seuls et, portant à jamais, attaché à leur nom, le stigmate de la honte.