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tation croissante l’horrible perspective l’avait jeté, il ne remarqua pas dans la voix qui lui parlait, une déférence plus accentuée.

Depuis que sur sa tête, la menace planait, il se débattait dans une atmosphère d’angoisse.

Le coroner l’attendait au bas.

C’était un homme d’une cinquantaine d’années, médecin de profession, doué d’une sensibilité aiguë, et qui, à chaque fois que les circonstances le forçaient à déclarer quelqu’un coupable d’homicide, volontaire ou non, en avait pour une semaine à subir en lui la réaction de ce verdict. Chaque enquête devait être la dernière. Par paresse, il remettait toujours à plus tard le soin de résigner ses fonctions. Depuis plusieurs années, il ruminait une lettre de démission, qu’il n’avait jamais écrite. Au demeurant, le meilleur homme du monde, connu dans tout Cartier où il pratiquait et les alentours comme le médecin des pauvres. Il était humain et bon.

— Jacques Bernier, dit-il, en s’adressant au jeune homme, vous êtes libre. Les médecins légistes ont conclu à une mort naturelle. Il n’y a rien qui puisse motiver votre arrestation. À l’enquête tenue