Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dans la serrure, une clef tourna.

Le gardien le venait chercher pour la comparution.

L’opinion publique, stimulée par les journaux, ne tarda pas à s’emparer du meurtre. La ville s’apitoya sur la victime malheureuse du Devoir, tandis que vers l’assassin montaient les malédictions.

Quand, au jour du procès, il pénétra dans la boîte aux accusés, des yeux innombrables se braquèrent sur lui, sans indulgence ni sympathie.

La Cour d’Assises était remplie à sa capacité. Des badauds flairant la satisfaction morbide d’une condamnation certaine, s’y étaient rendus, comme les amateurs de boxe envahissent l’arène dans l’espérance d’un knockout.

Un défenseur habile aurait peut-être pu émouvoir les jurés et la foule, faire ressortir les circonstances atténuantes en brossant le tableau pathétique de la misère et du désespoir, mais le prisonnier, ayant peu de parents, et parce qu’il n’avait plus d’argent, plus d’amis, se présentait de-