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LA VIE CANADIENNE 47 Pris dans son ensemble, le recueil de Mademoiselle Bernier ressemble à notre vie, en ce sens qu’il est fait d’émotions variées qui n’ont pas toutes la meme intensité de joie ou de douleur. Comme la vie, son recueil a ses haltes paisibles, ses moments de gaieté, d’humour, ses petits soucis à fleur de peau, ses petites querelles d’amoureux, ses exaltations vers la beauté de vivre, puis enfin, et plus souvent, ses plaintes et ses prostrations. On suit tous ses mouvements en lisant le livre. Souventes fois, l’auteur se jette, comme pour oublier, dans les bras de la nature. C’est, en effet, l’illusion passagères de tous les souffrants, poètes ou non. de croire que la nature les comprend. C’est une illusion ni moins belle ni plus absurde que tant d’autres, après tout ! "Je viens boire à ta lèvre l’ivresse paisible La liberté, l’oubli des villes, des banlieues. Et m’abandonnant toute dans tes brises bleues Pour quelque temps, ne voir que de [ l’immarcessible. Dans l’azur de tes vents et dans tes glauques [ondes. Noyer toute rancoeur, n’avoir de souvenance Que juste ce qu’il faut au coeur de somnolence Pour toucher le passé sans y jeter la sonde...” (page 30) Mademoiselle Bernier ne garde pas rancune à la vie ; elle l’aime en dépit, ou devrais-je dire, à cause de ce qu’elle est. D’où le regret bien humain, bien féminin (mais qui nous fait sourire pourtant, en songeant à la jeunesse de l’auteur), de se voir vieillir et s’acheminer vers la mort : "Dans l’éblouissement, ah ! lentement descendre. Voir monter au soleil tout ce qui m’animait, Et mourir amoureuse sans pouvoir comprendre Pourquoi j’aurai souffert de tout ce que j’aimais. Mourir, malgré la vie. amoureuse, à jamais !” (Page 69) A son chagrin se mêle l’éternel pourquoi de tous les souffrants : pourquoi la douleur ? ... Quelle joie... sadique le sort éprouve-t-il à nous faire souffrir ? “Pourquoi tous ces festins où nous sommes [des gueux ?... Nous sommes toujours seuls, nous ne [possédons rien Et n’avons que l’espoir pour attendre demain. La vérité se cache au fond de toute chose ; La beauté nous séduit pour nous rendre moroses. On s’élance vers tout, on ne peut rien saisir. Et c’est dans ce donjon o-j’ll va falloir mourir. Mourir du spasme lent de notre a.me anxieuse. Les yeux fous de désirs et les mains miséreuses." (Page 94) Ne chicanons pas trop l’auteur pour quelques négligences de forme. Consolons-nous en reconnaissant que souvent ce que la poésie perd en perfection purement technique. elle le gagne en spontanéité et en élans sincères. Le recueil de Mlle Bernier ne peut manquer de plaire à tous ceux qui ne se contentent pas de passer à travers la vie sans pensée et sans idéal. A son insu, peut-être, l’auteur a écrit en pages simples le résumé de toute la vie : élan vers la beauté qui nous fascine, qui nous attire, pour, ensuite, nous leurrer et nous torturer ! En vente avec succès depuis 18S1 Diplôme et Médaille d’or de Paris LA RACICOTINE Le purgatif et dépuratif du sang par excellence, souverain contre la dyspepsie et de tous les maux résultant du mauvais état du sang. En vente partout COUPON En nous retournant ce coupon et dix sous, nous vous envoyons sans frais un paquet de RACICOTINE de la valeur d’un dollar, ($1.00). ANT. RACICOT & CIE" IMPORTATEURS 4656, rue Papineau — AMherst 5419