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la mystérieuse inconnue

Il pâlit et grimaça. Sa blessure à l’œil le faisait souffrir.

Sur les entrefaites, la police arriva.

Tant bien que mal, le jeune homme se redressa.

Il se livra dans son esprit un combat rapide. Il dit :

— Il est trop tard. Monsieur est mon serviteur. Et ce sont deux domestiques à moi. — Les voleurs se sont sauvés. Grâce au sang-froid de mon serviteur, ils n’ont pu rien emporter… Vous pouvez vous retirer. Je n’ai besoin de personne. Le médecin sera ici dans un instant.

Comme les agents voulaient faire un procès-verbal, il leur glissa chacun un billet de banque dans la main.

— Je désire que vous gardiez le silence le plus complet. Compris ?

— Compris.

Quand ils se furent retirés, Annette tendit la main à André Dumas et lui dit ces simples mots.

— Merci de ce que vous venez de faire pour mon frère.

Le médecin arrivait. Il prit soin des deux hommes, les pansa. Ernest Germain était revenu à lui, mais encore sous le coup de l’étourdissement.

— À présent, m’expliquerez-vous, mademoiselle ?

Pour sauver son frère, pour empêcher de croire que le mobile de ses actes était le vol et l’attrait de l’argent, la jeune fille raconta l’histoire de son père.

Durant le récit, André Dumas ne souffla mot, mais quand la jeune fille eut terminé, il lui dit :

— Mademoiselle, j’ai trouvé un moyen de tout concilier. — Je vous épouse… vous voulez ? Tu veux ?

Elle rougit et baissa la tête.

Quelques mois après, Annette Germain devenait Madame André Dumas.

Quant à son frère, il s’était réconcilié avec son ennemi de jadis. C’est lui qui administrait la firme colossale qui contrôlait tous les produits en conserve de la province de Québec.

Ainsi se terminait, dans la réalité comme il arrive sur la scène, un drame dont le dénouement menaçait de devenir une tragédie.


Montréal, 1928.

FIN