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LA CITÉ DANS LES FERS


Il apprit qu’une escadre anglaise venait de franchir le golfe, et qu’à toute vapeur, elle remontait le fleuve St-Laurent.

Il rentra chez lui, et devant Lucille, lui le colosse, le fort parmi les forts, pleura comme un enfant.

Son œuvre s’écroulait, l’œuvre à laquelle il avait consacré son énergie, son talent, l’œuvre rêvée depuis si longtemps s’écroulait.

Et dans l’écroulement fatal, la foi en l’amitié, tous les sentiments noble de l’humanité sombraient.

Tout à coup il se sentit seul, seul, seul.

Lucille le regardait pleurer ne sachant quoi dire !

— M’abandonneras-tu toi aussi.

Et il revit en cette minute tous les incidents de sa courte idylle. Il revécut les heures enivrantes du pèlerinage chez les ancêtres, les heures d’allégresse où il ne craignait rien de l’avenir et s’apprêtait à dompter les événements à sa fantaisie.