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I

L’ARRESTATION


Les deux détectives frappèrent à la porte.

Il était environ onze heures du soir.

Comme personne ne répondait, ils frappèrent une seconde fois, mais plus fort, et attendirent quelques instants.

Un homme en manches de chemises, son journal à la main, sortit de l’appartement voisin.

— M. Bertrand est-il chez lui, demanda l’un des deux ?

— Je l’ai entendu rentrer vers neuf heures. Je ne crois pas qu’il soit reparti.

Le voisin se retira.

Sur le marteau, les coups redoublèrent, plus pressants. Éclairant l’autre côté du corridor, une lumière apparut par le vasistas.

La porte s’ouvrit.

Dans l’embrasure, un homme, jeune encore, il ne paraissait pas dépasser la trentaine, dressa sa stature haute et massive.

Il était revêtu d’une robe de chambre, noire, brodée de jaune, sévère et ample.

— Qui voulez-vous, demanda-t-il ?

— André Bertrand.

— C’est moi.

Le sergent Dufour entrouvrit son veston et laissa voir une plaque nickelée, épinglée à son gilet, identification de son métier.

— Et après ? demanda Bertrand, surpris de cette visite à une heure aussi tardive.

— Nous venons vous arrêter.

— Alors, donnez-vous la peine d’entrer.

L’appartement se composait d’une salle à manger, d’un vivoir et d’une chambre à coucher. Les détectives attendirent dans le vivoir pendant que Bertrand, dans la chambre, procédait à sa toilette.

Le vivoir, qui servait de cabinet de travail, était une grande pièce éclairée de deux fenêtres. Au centre une immense table, — pupitre encombré de livres, de papiers et de