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l’a déjà fait. Un jour son orgueil vaincu demandera grâce. Il comprendra l’inanité de vivre, sans, autour de soi, quelqu’un qui n’est pas soi, mais le devient en s’y confondant corps et âme.

Et le regard et l’intonation qu’une fois, peut-être malgré lui, il n’a su contrôler, et son émotion qu’il n’a pu celer, il les aura de nouveau pour lui parler.


De plus en plus Pauline fréquente le Monde. Elle cherche à s’étourdir. Elle a peur d’être seule avec elle-même. Elle se redoute. Thés dansant ici et là, chez des amis, aux hôtels bien, réceptions, bals, parties de théâtres occupent ses journées, ses soirées, empiètent même sur ses nuits.

Elle a de longues conférences chez les couturières ; ses toilettes sont éblouissantes ; elle prend un soin minutieux d’elle-même. Elle cache le désarroi de son âme sous un enjouement factice.

On la cite parmi les beautés les plus en vue de la métropole.

Elle veut paraître, briller.

Chaque fois qu’on lui fait un compliment sur sa beauté, elle en éprouve un plaisir intense. Et la cause n’en est pas la vanité… uniquement.

Plusieurs ont déposé à ses pieds avec leur nom, de grandes fortunes et des avenirs brillants.

Elle a tout refusé. On commence à la croire seulement coquette. Personne ne se doute que si les yeux, aux lumières, ces yeux noirs sous les cils blonds, ont des éclats plus vifs, c’est à cause des