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Il représente les intérêts de plusieurs grosses firmes anglaises qui se servent de lui comme de truchement.

Il ne recule devant rien pour arriver à son but qui est de maintenir son parti au pouvoir, parce qu’il le contrôle. Il en est l’éminence grise. Au pis aller il achète les consciences. Il a recours à la corruption politique. Le patriotisme est un mot dont il se sert parfois pour abriter ses convoitises. À part cela il en ignore le sens comme il ignore celui de « civisme. » Pour peu qu’on le laisse agir il dira prochainement : « l’État c’est moi. » Il est devenu directeur sans que l’on sache comment de grosses compagnies qui transigent avec la province, directement. Il s’affiche comme tel sans vergogne, et se sert de son influence pour éviter toute concurrence.

L’article de « l’Espoir » l’avait visé. Il fallait éclaircir la situation, immédiatement. Jouant cartes sur table, et regardant son interlocuteur droit dans les yeux pour juger de l’effet de ses paroles :

— Qu’est-ce qu’il vous faut pour vous taire ?

Pour toute réponse le journaliste hausse les épaules, en souriant d’un sourire où la pitié côtoie le dédain.

Le politicien reprend :

— Faites pas votre vertueux. J’en ai mâté d’autres que vous.

— Si c’est tout ce que vous avez à me dire, vous vous êtes trompé d’adresse.