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La rédaction était plus soignée que d’habitude et le directeur, sous sa signature, avait écrit un Premier-Montréal retentissant sur « l’abandon du patrimoine national aux étrangers. » Des noms étaient cités ; des personnalités mises en scène. Il déplorait ce fait absurde que nos ressources naturelles nous aient glissé des mains. Il accusait des ministres. Ses accusations étaient nettes, précises, appuyées sur des faits irrécusables. Ce qu’il avançait, il en avait les preuves en mains : limites à bois immenses vendues ou plutôt données « pour une piastre et d’autres considérations », pouvoir d’eau détenus par de grosses compagnies et tenus inexploités pour nuire à la concurrence, cela au vu et au su du gouvernement.

Les pieds sur la table, pose qu’il affectionne lorsqu’il est seul, Noël relit son article avec un sentiment apparent de satisfaction.

Le rédacteur entre :

— Il est venu deux personnes pour vous ce matin. L’une doit revenir.

— Le courrier est-il rentré ?

— Oui. Un journal de Québec vous reproduit. Vous avez lu la critique acerbe de la « Nation. »

— Je l’ai parcouru à la hâte. La « Nation » n’a pas grand influence. C’est le journal créchard par excellence que personne ne prend au sérieux… Il est bon de cogner un peu sur nos bonzes politiques. Ils sont tous en train de devenir millionnaires au détriment de la province. Si nous nous laissons faire, quelque beau matin, nous nous lève-