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Quant à lui, tel que son nom apparaît au bas du titre, en première page, il est le « Directeur ».

Il donne le ton, trace les grandes lignes à suivre, reçoit les visiteurs.

Quiconque passerait une journée dans l’antichambre de son bureau serait étonné du nombre et surtout de la qualité de ceux qui lui viennent rendre visite. Un journal est une arme à deux tranchants utile ou dangereuse selon qu’il est pour ou contre soi. Surtout un journal libre dans un pays où la majorité de la presse est vénale.

C’est ce qu’ils avaient compris les quémandeurs de Noël, politiciens de tout acabit voulant acheter ses services ; financiers véreux, son silence ; hommes d’action sociale, son concours.

Mais lui, tout entier à sa mission d’apôtre laïque, comprenant la grandeur de son rôle de journaliste les écoutait, fixant sur eux ses petits yeux noirs pour y lire le fond de leur pensée. Quand ils avaient parlé, il les laissait sortir avec une phrase équivoque qui ne promettait ni ne refusait rien.

Il prenait en note ce qui dans leurs discours concordait avec ses idées pour s’en servir au besoin. Sa ligne de conduite n’en était que rarement modifiée.

Pour le numéro de samedi, première escarmouche de la lutte de Faubert contre le gouvernement, on avait fait imprimer et distribuer des milliers de circulaires.