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Sur la table un cognac de vingt ans à la bouteille poussiéreuse, et une boîte de cigares entr’ouverte composent une nature morte très attrayante.

À part Noël, il y a aussi le secrétaire de Faubert, Pierre Tremblay jeune homme de 23 ans à la figure rubiconde, joviale, avec deux gros yeux naïfs toujours étonnés.

Quant au maître de céans il fait la partie de billard avec un agent de publicité, promoteur de compagnie à l’occasion, Émile Beaudry, homme très actif, doué d’une grande faconde.

Noël fume sans dire un mot, tenant à la main son verre qu’il vide à petites lampées, oh ! très petites, et qu’il savoure en connaisseur.

Tremblay dépose sur la table des papiers qu’il a sortis d’une serviette, quand la sonnette annonce un nouveau venu.

— Ce doit être Roberge.

Quelques minutes plus tard, l’ingénieur civil fait son apparition dans la pièce en compagnie des deux joueurs de billard.

En voyant la bouteille longue au col fluté, il a un sourire satisfait : une flamme de convoitise brille dans son œil.

— Tu dois être fatigué… un verre ?

— Il y a assez longtemps que j’en ai bu. Dans mon nouveau pays, c’est sec. Je ne refuse pas.

Quand on lui eut versé la liqueur reluisante comme de l’or liquide et qu’il y eut trempé ses lèvres, il dit émerveillé :