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moi, ajoute-t-il en riant, j’ai décidé d’être l’un des premiers. L’argent me fascine. Et je voue ma vie à la conquête de ce métal blanc. Si plusieurs, de rien, ont pu devenir des magnats mondiaux, il n’y a aucune raison que Jules Faubert ne le devienne. J’ai la force et l’endurance de ma race. À côtoyer les anglais, j’ai acquis leur ténacité et mon vieux fonds de normand m’empêche de me faire rouler.

— Et quand beaucoup des nôtres seront enrichis, la race gagnera-t-elle. Lutter avec les anglo-saxons pour la suprématie financière est une folie. Il y a un terrain où l’on doit les surpasser : le terrain intellectuel. Il nous faut primer par l’esprit. Un Pasteur a fait plus pour le génie français qu’un Chauchard, un Sienkiéwitz a donné plus de prestige à la Pologne que plusieurs millionnaires ne l’auraient fait.

— Peut-être, mais Carnégie et d’autres en fondant des bibliothèques, des hôpitaux, des universités a permis à des savants, à des littérateurs, à des médecins de sortir de l’ombre. Le jour où il y aura assez de richesse pour permettre à des parents plus nombreux de faire instruire leurs fils, il y aura nécessairement plus de gens instruits. Plus il y aura de gens instruits plus les travailleurs de la pensée seront appréciés à leur valeur. Sais-tu ce qu’on peut faire avec de l’argent ?… Avec de l’argent on fonde une université, on donne des bourses, on subventionne des théâtres, des opéras, des musées. En un mot on contribue à