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jour violet ; la bibliothèque en noyer noir ; la cheminée de biais, au fond, avec ses pelles et autres accessoires ; le téléphone sur une petite table ; aux murs chaque côté de la bibliothèque deux magnifiques eaux fortes de Notre-Dame de Paris, rapportées d’Europe lors d’un récent voyage ; et au-dessus de la cheminée une photographie de Pauline en toilette de bal, détachant deux épaules rondes, sur un fond de sépia.

Dans tous les coins de cette pièce flottent, épars, les débris d’un beau rêve.

Il pense aux soirées douces qu’il a vécues seul avec elle, dans la lumière discrète que la lampe haute laissait filtrer entre la soie violacée. Il pense aux mots qu’elle a dits, à des intonations qu’elle avait…

…Écartant les draperies, Pauline apparaît, radieuse, ses cheveux d’or rendus plus blonds par la lumière. En l’apercevant, il a senti un quelqu’un d’invisible le frapper à la gorge avec le plat de la main. Il balbutie plutôt qu’il ne prononce :

…Bonsoir… Pauline…
et reste là, sans parler, debout, avec un air humble, effaré.

Elle lui indique un siège pendant qu’elle s’installe dans un fauteuil après avoir arrangé les coussins pour y mieux poser sa tête.

Il la regarde avec des yeux agrandis, cherchant par quelle phrase commencer. Il se sent petit ; il se sent faible contre cette force qu’il pourrait écraser s’il le voulait, mais qui le domine