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III


Dans une taverne qui fut longtemps le rendez-vous de la jeunesse étudiante, Roberge est attablé devant une bouteille de bière. Autour de lui des figures connues, habitués de l’endroit qu’il y avait rencontré jadis, qu’il y retrouve aujourd’hui.

Des passants entrent, se rafraîchissent à la hâte et sortent. D’autres moins pressés boivent à petites gorgées, et réunis par groupes, se racontent des histoires gauloises.

Depuis une semaine ses journées se ressemblent. Tous les matins après une nuit d’un sommeil lourd, il commence sa promenade, déambule par les rues, pour, chaque après-midi, échouer au café Toussaint, dernier stage avant la rentrée.

Les soirées longues, l’occupent à boire, seul dans sa chambre, d’innombrables verres de gin, jusqu’à ce que sa pensée vide, ses membres inertes, et ses jambes devenues gourdes, le forcent au repos du lit.

Ce soir, il est plus spleenétique que d’habitude. Les libations se sont suivies, plus fréquentes. Il s’est efforcé de les prendre comme s’il éprouvait un besoin plus impérieux de se griser.