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II


Une chambre claire de jeune fille ; quelques bibelots sur les meubles beiges… une tanagra de marbre, un porte bijou hindou, etc… des pastels aux murs avec d’autres gravures représentant des toiles célèbres de Fragonard, pour qui elle a une prédilection marquée… Tout cela, légers, délicats et disposés de sorte qu’ils se fondent avec le reste du décor, qu’une lumière bleuie par le passage au travers des verres mats, estompe en douceur.

Nonchalante, les cheveux défaits recouvrant des épaules à demi-nues toutes blanches sous le peignoir sombre, Pauline vient d’exhumer du tiroir aux souvenirs une liasse de lettres qu’elle feuillette religieusement. Il y en a dix en tout variant de quatre à cinq pages d’une écriture serrée.

Elle les relit dans l’ordre chronologique, revivant des années finies. Elle se rappelle des détails, mille détails de toutes sortes, certains qui la font sourire, d’autres qui font plus vague son regard.

Ces lettres, ce sont un chant de passion, un crescendo puissant et qui éclate à la fin par ce cri banal mais sublime : Je t’aime.