Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Un émoi se produit dans le club. Le financier froidement retourne à sa chaise, allume un cigare… et s’absorbe de nouveau dans ses pensées.

Cet incident l’a soulagé un peu. Il a pu se venger sur quelqu’un de l’humiliation qui le ronge.


Les semaines se suivent. Il est devenu taciturne. Il ne parle à personne, sauf pour le strict nécessaire.

Une folie est en lui. Le jour, dans son bureau, il combine des plans ; il se plonge jusqu’au cou dans des affaires compliquées.

Il apprend que Coulter regagne du terrain en Abitibi et ailleurs, qu’il se relève tranquillement.

— « J’en ai assez de lui », s’écrit-il. Cette fois je le brise, pour toujours. Partout où il va, quand bien même j’y perdrais, envoyez des agents. Coupez ses prix, offrez plus cher qu’il ne peut payer. Il faut qu’il s’ôte de mon chemin.

Les moulins doublent, triplent leur production.

On lui fait remarquer que cette politique n’est pas prudente, que s’il advenait une baisse… Il les écoute mais ne change pas d’avis.

Il s’attaque aux gros, aux puissants, sans ménagements. Dans un coup, il a ruiné deux financiers.

Cette nouvelle le fait rire, d’un rire méchant. En voilà deux qui vont souffrir à leur tour !

Quand il souffre jusqu’à passer des nuits entières, éveillé, à compter les heures qui sonnent sans pouvoir se débarrasser des obsessions qui