Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sement aux coins et donnent à sa physionomie quelque chose de hautain et de fier.

Mais alors ? alors… rêve-t-il ? Puisque c’est elle… est-ce bien lui qui est là. Depuis ce soir, elle le poursuit… implacable. Elle… Toujours Elle.

Qu’y a-t-il donc dans ces coïncidences plus que bizarres ?

Dans cet enchaînement de circonstances, y a-t-il un destin complice, acharné, et qui empêcherait l’oubli, ultime soutien d’un orgueil blessé, d’être le plus fort ?

— À quoi penses-tu Faubert ?

— Moi !… à rien. Je regarde les gens.

La musique s’interrompt. Les couples qui foxtrottaient entre les tables, retournent à leurs places.

Pour ne plus la voir et surtout pour n’être pas vu, Faubert change de place, tandis que son compagnon qui vient à son tour de l’apercevoir s’excuse pour la rejoindre.

Après quelques instants de conversation :

— Pauline me permettez-vous de vous présenter un de mes amis de collège… un type épatant… La jeune fille regarde. Elle aperçoit un homme noyé dans la fumée de son cigare et dont elle ne peut découvrir les traits.

… — Mon cher Jules, ma fiancée.

Il se retourne. Pas un muscle de sa figure ne bouge. Rien qui peut déceler le combat qui se livre en lui… cette présence autrefois chère, maintenant détestée, le parfum qu’il connaît bien et