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…Et Faubert chevauche, les yeux fixés sur ce but qui le fascine.

Le rival qu’il voulait écraser ne le gêne plus ; il n’a devant lui qu’une avenue droite, bien pavée, et qui s’illumine à mesure qu’il avance.

De la fumée se dissipe un peu ; elle se concentre ; les molécules se recherchent, les atomes se reforment.

Une figure se dessine… une couronne…

…Et Faubert la voit cette couronne… il avance la main… il va pour la saisir et s’en ceindre la tête… Il est Roi du Papier.

Les fanfares du Rêve, plus joyeuses, éclatent dans l’air plus sonore…

Mais non ! Le but n’est pas encore atteint.

Il est à portée de la main.

…Et Faubert se retourne. Sur le chemin laissé derrière lui, et qui se rétrécit, personne.

Le financier tout à coup se sent seul.

Une sensation d’ennui l’oppresse.

Au moment d’arriver, — ultime fin — quelque chose manque pour satisfaire ce besoin de l’âme que tous les orgueilleux éprouvent et aussi tous les hommes.

…Et tout à coup, Faubert pense que son rêve est moins beau qu’il lui paraissait… et il ralentit…

Les fanfares plus impérieuses éclatent à nouveau ; elles sont vibrantes d’énergie.

…Et Faubert se dresse, éperonne son coursier, et, tête baissée…