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ricains. Les moulins qu’il possède déjà, ont doubler leur production pour suffire aux demandes de plus en plus grandes. Avec les clients habituels, ils en ont d’autres, en plus, que le nouvel acquéreur a amenés avec lui.

Coulter, étonné d’abord, puis exaspéré, puis exacerbé, puis, enfin, s’étant fait à la situation, a perdu un peu de sa confiance en l’issue de la lutte.

Il a côtoyé la banqueroute. Sans un achat avantageux, au Nouveau-Brunswick, peut-être lui aurait-il fallu fermer ses portes, et liquider ses affaires. Avec son flegme et sa patiente ténacité, il décide de n’attaquer plus, de demeurer sur la défensive jusqu’à l’instant où l’autre, absorbé totalement par le nombre grandissant de ses entreprises, ne s’inquiétera plus de ses coups.

Mais en attendant il est talonné par un ennemi présent partout et qui, implacablement, le poursuit.

À chaque nouveau coup, Coulter plie l’échine… et, lentement, se redresse.

Il refrène en lui le désir qu’il aurait de riposter, gardant toutes ses forces pour le coup suprême, qu’il veut, définitif. Faubert n’en a cure.

Depuis plusieurs mois, son étoile lui sourit. Une chance inespérée le sert admirablement. Tout ce qu’il touche se change en or.

Cette chance, cette veine, elle se produit infailliblement dans la vie de tout homme. Elle est fugitive. Il s’agit de la capter, de la décupler en