Page:Paquin - Aventures fantastiques d'un canadien en voyage, 1903.djvu/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 8 —

géant fendant la foule et bousculant sans façon ceux qui lui barraient le passage.

On se retournait indigné du sans-gêne de l’individu ; mais il n’était pas bon de trop s’y frotter, car il avait déjà distribué maints horions qui donnaient une preuve très satisfaisante de la puissance de ses muscles.

C’était un homme de taille gigantesque, à la barbe rousse, à la figure énergique.

Lorsqu’il vit le navire ancré à 15 pieds du bord, il sourit et murmura : Bah ! puisque le Batavia ne veut pas venir à moi, je vais aller à lui, c’est tout simple.

La foule qui avait compris applaudissait à tout rompre. Quelques reporters s’étaient hissés sur le Marché Bonsecours ; les autres spectateurs se bousculaient pour voir l’inconnu.

Comment allait-il atteindre le Batavia ?

Allait-il s’y rendre à la nage ?

Sans doute.

Cependant, le bruit courut qu’il allait sauter.

Sauter !

Pour le coup, l’émotion fut à son comble.

— Mille dollars qu’il ne sautera pas, cria un Américain, en brandissant dans l’air une liasse de billets de banque.

— Mille dollars qu’il sautera, soutint un autre.