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laissons Dupont entrer seul chez nos voisins. Ceux-ci se montrent empressés auprès de lui, le font boire, l’enivrent, l’allègent de son argent et le mettent à la porte. Il s’agit pour nous de les prendre en flagrant délit et ce nous sera facile, vu que Dupont aura l’idée de laisser une fenêtre ouverte. Par cette fenêtre, nous pourrons voir ce qui se passe à l’intérieur de la hutte, et, comme en ce temps-ci, les nuits sont noires, cela nous favorise beaucoup.

Laissez-moi encore la conduite de cette affaire, nous allons rire au dénouement. Si ce ne sont pas des traîtres, eh bien, nous aurons encore le loisir d’accompagner Dupont une autre fois.

— Comme vous voudrez, mon ami, fit le Parisien.

Il était dix heures du soir, lorsque Dupont, armé d’un poignard caché dans sa poitrine, s’avança vers la maison qui servait de gîte aux deux vieillards.

— Ma foi, dit l’interlocuteur de la veille, en l’apercevant, je ne comptais presque plus sur vous.

Et il mit dans sa phrase un ton ironique qui n’échappa point à Dupont.

Puis s’entama une de ces conversations indifférentes, tout à fait naturelles entre étrangers qui se rencontrent pour la première fois.

— Camarade avait dit l’inconnu, j’espère que la récolte de l’or vous satisfait pleinement.

— Mais oui, assez, monsieur !