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— Maintenant, en route, dit-il.

Il était trois heures environ, le soleil semblait jouer à cache-cache derrière quelques nuages légers.

Le nègre n’avait d’yeux que pour Lilian. Il ne voyait que ce corps frais de jeune fille.

Lilian envoyait de bonnes risettes à son conducteur.

Le bras gauche de la jeune fille touchait celui de Williams à chaque cahot.

Oh ! que c’était bon, ce contact intermittent !

La cousine bavardait ; elle demandait à son cousin des nouvelles de ses voyages ; elle le priait de lui raconter quelque histoire… mais le nègre, tout occupé sans doute à conduire sa jument dans le chemin rocailleux ne répondait rien. Il se contentait seulement de murmurer parfois : « plus tard, ma cousine, plus tard. »

Mais en arrivant à la maison de l’oncle, Lilian renouvela ses demandes et se fit si affolante, si cajoleuse que Williams n’y put tenir.

Il raconta comment Bernard avait tué le caïman. Il n’omit pas un détail de ses aventures dans les montagnes Bleues.

« Oui disait-il, Bernard est un homme extraordinaire. Aussitôt qu’il eût envoyé Michaël ad patres, il ordonna le départ immédiat. Il prit Dupont sur son dos et partit sans plus dire un mot. Le soir