Page:Paquet - Monuments du Mont-Royal, cimetière Notre-Dame-des-Neiges, 1901.djvu/52

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Ô morts ! dans vos tombeaux vous dormez solitaires
Et vous ne portez plus le fardeau des misères
Du monde où nous vivons —
Pour vous, le ciel n’a plus d’étoiles ni d’orages,
Le printemps, de parfums, l’horizon, de nuages,
Le soleil de rayons.

Immobiles et froids, dans la fosse profonde,
Vous ne demandez pas si les échos du monde
Sont tristes ou joyeux ;
Car vous n’entendez plus les vains discours des hommes
Qui flétrissent les cœurs et qui font que nous sommes
Méchants et malheureux ;

Le vent de la douleur, le souffle de l’envie
Ne vient plus dessécher, comme aux jours de la vie
La moelle de vos os ;
Et vous trouvez ce bien, au fond du cimetière
Que cherche vainement notre existence entière,
Vous trouvez le repos.

Tandis que nous allons, pleins de tristes pensées
Qui tiennent tout le jour nos âmes oppressées,
Seuls et silencieux
Vous écoutez chanter des voix du sanctuaire
Qui nous viennent d’en haut et passent sur la terre
Pour remonter aux cieux.

Vous ne demandez rien à la foule qui passe
Sans donner seulement aux tombeaux qu’elle efface,
Une larme, un soupir ;
Vous ne demandez rien à la brise qui jette
Son haleine embaumée à la tombe muette ;
Rien, rien qu’un souvenir.

Octave Crémazie.

Au reste, cette visite du cimetière n’a rien qui soit attristant et si l’âme, en songeant à tous ceux qui ne sont plus, se sent