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le motif qui a réuni en sa faveur tous les partis en Parlement, et lui a fait déférer la dictature, comme s’il n’était pas présumable qu’il pût en abuser.

Et cependant, sous moins d’un mois après s’être saisi avec empressement de cette toute-puissance qui avait troublé de bien plus fortes intelligences, corrompu de bien plus pures vertus que les siennes, il s’était déshonoré par des proscriptions infâmes prononcées sans enquête contre des hommes innocents. Sous deux mois, il était désavoué et censuré par le Parlement ; sous trois mois, ce sage envoyé pour apaiser la révolte y tombait lui-même, et avec autant d’étourderie que de pétulance, renvoyait sa commission, désertait son poste, sans l’autorisation du pouvoir qui l’y avait installé ; puis laissait tomber au hasard cette dictature créée pour lui seul, entre les mains du premier soldat de fortune qui, par son grade, se trouverait avoir le commandement en Canada.

Deux traits suffiront pour prouver combien est faible la tête, et mauvais le cœur d’un homme si mensongèrement adulé. Celui qui a pu signer le rapport ci-dessus écrit, a osé dire publiquement à des députations en Canada : « Ce ne seront pas cent ans, ni trois cents ans, ni mille ans qui verront la séparation de ces provinces d’avec la métropole. Elles sont un des plus beaux joyaux de la couronne, elles doivent donc en être