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Écosse offre le spectacle affligeant, dans une grande partie de son étendue, de la moitié des maisons abandonnées, de fermes épuisées et en ruines. Les terres achetées, il y a trente à quarante ans passés, au prix de cinq schellings l’acre, s’y revendent au prix de trois. Faute de capital, les habitants se laissent enlever leurs pêcheries sur leurs côtes, à la porte de leurs demeures, par les Américains. Ces provinces, avec trente millions d’acres en superficie, quoique des plus anciennement établies ont au plus trois cent soixante mille habitants, (elles n’en ont que deux cent soixante-dix mille.)

« Quel contraste sur toute l’étendue des frontières limitrophes !

« Du côté des Américains indépendants, partout l’aspect d’une industrie productive, de richesses croissantes, d’une civilisation progressive : des ports nombreux où se pressent des flottes nombreuses, de grandes et belles maisons, d’immenses magasins et dépôts d’effets de commerce, des ateliers, des villages, des villes, de grandes cités surgissant comme par enchantement.

« Du côté des anglais, tout est solitude, tout est désolation.

« Cette pénible, mais incontestable vérité, est apparente sur tous les points d’une frontière de plus de quatre cents lieues.

« La différence du prix des terres y est immense, souvent de mille par cent, quelquefois plus. Le prix des terres dans les États de New-York et de Michigan est infiniment plus considérable que celui des terres dans le Haut-Canada. Dans le Vermont et le nouveau Hampshire, il est de cinq dollars l’acre, d’un dollar dans le Bas-Canada.

« L’émigration anglaise, au lieu de se fixer, dans nos colonies, se réfugie en nombre aux États-Unis, et par cette cause le Haut-Canada qui, sans cette retraite, aurait cinq cent mille habitants, n’en compte que quatre cent mille. Il en a été de même des émigrants qui ont mis pied à terre dans la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick ; n’y trouvant pas assez d’encouragement, ils ont continué leur marche et