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rieur par des propos menteurs, étrangers à sa nationalité, qui la sauve et qui assure sa perpétuité dans une grande partie des limites du Bas-Canada, que de proche en proche elle est destinée à peupler et à défricher.

La plupart des comtés n’ont pas de familles anglaises établies dans leurs limites. Les masses n’y ont ni pressants motifs, ni facilités prochaines d’apprendre l’anglais. Que cela vienne peu à peu par les voies de la persuasion, c’est désirable ; mais que ce soit imposé par la loi ou par l’insulte, ou par l’infériorité politique vis-à-vis de ceux qui ne parlent qu’une autre langue, c’est injuste autant qu’insensé. L’homme qui parle les deux langues est ici mieux qualifié pour tous les devoirs de la vie publique que celui qui n’en parle qu’une : en ceci encore les Canadiens avaient l’avantage du nombre et de la popularité près des masses, et là encore l’aveugle, l’étroite partialité d’un gouvernement de minorité, a mieux aimé la discorde et la pauvreté pour tout le pays que sa juste quote-part du pouvoir pour la majorité. Il dit aujourd’hui qu’il veut changer de conduite ; il fait le contraire de ce qu’il dit. Qu’il se hâte de mettre d’accord la pratique avec les phrases, pour que les mots fatidiques « il est trop tard » ne deviennent pas vrais ; qu’il se hâte, s’il ne veut pas détruire bien vite toute créance dans de fallacieuses promesses.

D’autres pays ont des villes plus belles que les nôtres, aucun autre n’a d’aussi belles campagnes, aussi judicieusement distribuées en longues rues à établissements rapprochés. Cette méthode, mieux qu’aucune autre, peut vaincre les difficultés infinies de premier défrichement, d’entretien des routes, de dessèchement des terres par les fossés et par l’évaporation. Elle assure la fuite des animaux sauvages qui dévorent les moissons. Elle est enfin la meilleure de toutes pour nourrir l’esprit de sociabilité et de bon voisinage. Elle a puissamment aidé à l’établissement de cette pratique si générale, si utile et touchante, qui prévaut parmi nos cultivateurs et établit entre eux des sociétés d’assurance mutuelle, sans primes, sans acte d’incorporation, sans avocats ni chi-