Page:Papineau - Discours à l'assemblée du marché Bonsecours, paru dans Le Canadien, du 21 avril au 8 mai 1848.djvu/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la plus heureuse qu’il y ait au monde de la grande famille humaine, avaient l’un enseigné, l’autre étudié dans ce collège.

Les Lotbinière, illustres dans la magistrature et dans les armes, dont l’un a élevé ces fortifications de Carillon sous lesquelles sont venus s’abîmer cinq mille des douze mille hommes de troupe réglée et de milice qui attaquaient des troupes françaises et des milices canadiennes, formant à peine le quart du nombre de leurs braves assaillants présomptueusement mal dirigés par Abercrombie, y avaient étudié.

Contrecœur, commandant à la Monongahéla, Malengueulée des Canadiens, dont une poignée avaient obtenu au fort Duquesne un succès plus grand encore, y avaient étudié. C’est en cette occasion que, pour la première fois, parut avec tant d’éclat ce Washington, grand à son début quand il sauve les restes des forces anglaises, et plus grand encore quand, plus tard il les conquiert, les disperses ou les fait captives : grande gloire militaire qui, comme celle de Bayard, fut toujours sans tache, sans peur et sans reproche. Les de Rouville, de Saint-Ours, de Repentigny, de Beaujeu, de Boucherville, Duchesnay, de Vaudreuil, gouverneur général de la Nouvelle-France, et un nombre infini d’autres Canadiens, les uns illustres dans l’église, l’armée, la marine, les découvertes ; les autres habiles dans les métiers et la culture, dans tous les rangs de la vie civile, avaient puisé dans ce collège national l’excellente éducation qui a tant contribué à l’utilité et à la gloire de la patrie. Toutes les familles aisées de toutes les paroisses du pays y envoyaient leurs enfants, qui, revenus au sein de la famille et de la paroisse, y ont formé ce caractère national qui a si souvent arraché même à l’étranger prévenu et, sous tous autres rapports, hostile, mal voyant, et voyant le mal qui n’était pas, l’aveu que les cultivateurs canadiens étaient, par leurs manières un peuple de gentilshommes, par leur moralité et leur hospitalité un peuple patriarcal.

C’est cette masse de beaucoup plus des neuf dixièmes d’entre nous, qui n’a pas de motifs, ni le désir, ni la possibilité de se métamorphoser de cœur ni de bouche, ou de se masquer à l’exté-