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momentanément par l’usage des stimulants. Au début, les doses répétées dans les proportions qui égaient et fortifient ; mais la déplorable habitude se contracte, et bientôt les doses sont englouties dans les proportions qui abrutissent et ne laissent aux familles que l’humiliation de la chute d’un parent, à la société que le fardeau d’un criminel qu’il lui faudra punir. À l’étranger ou dans les bois, loin de la paroisse et des siens, dont l’estime était nécessaire à son bonheur, qui tous, à son premier écart, auraient employé l’influence du curé, l’expression de leur chagrin, de leur amour ou de leurs mépris, et leurs prières pour empêcher chez un jeune homme une récidive, tous ces freins salutaires lui manquent à la fois. Il est absent dans l’âge où la fièvre des passions est la plus brûlante, où l’expérience des suites, qu’a presque toujours une vie réglée ou déréglée, ne lui est pas acquise, et le hasard seul décide s’il sera livré à des compagnons de jeunesse honnêtes ou dépravés.

S’il rencontre ceux-ci, il est un homme perdu. Il est à désirer qu’il ne vienne pas rapporter dans la paroisse la contagion des vices que son éloignement lui a fait contracter.

Que l’association réussisse à retenir cette forte jeunesse, accueillie à l’étranger par de plus hauts gages qu’il n’en donne aux autres travailleurs agricoles, parce qu’il apprécie sa plus grande aptitude pour cette belle industrie quand il est bien dirigé ; que l’association puisse la pousser à peu de distance du toit paternel, d’où découleront incessamment vers elles des secours matériels de toutes sortes, des secours de conseil, d’encoura-