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Et ma raison me dit que mes affections sont bien placées. Tout ce que j’ai appris par les hommes et par les livres, par l’exil et par les voyages, par l’observation et la réflexion, m’a convaincu que, sous les rapports de moralité, de bonnes manières et de talents naturels, il n’y avait pas au monde une nationalité meilleure que la nôtre. Si ses talents naturels ne sont pas aussi généralement cultivés qu’ils auraient dû l’être, c’est la suite des décrets inscrutables de la Providence, qui, pendant les longues années de notre minorité, nous a placés sous la tutelle d’une puissance étrangère, éloignée, insouciante de nous, souvent inintelligente par ses agents locaux, sur les meilleurs moyens à prendre pour que ces talents naturels fussent fructueusement cultivés ; long-temps hostile à ce qu’ils le fussent du tout ; néanmoins, ils se sont développés avec un succès qui, dans tous les temps, nous a permis de soutenir avantageusement la comparaison dans la chaire, à la tribune, au barreau et sur le banc des juges, avec ce que les étrangers nous y ont montré de mieux.

Cet immense service, nous le devons à nos collèges, dans les beaux établissements que les rois, l’église et les particuliers, dans la grande et vieille France, et la piété de nos ancêtres, dans la nouvelle France, avec la plus prévoyante libéralité, avaient déjà fondés et dotés, quand la colonie n’avait que dix mille habitants, sur une échelle assez grande, sur une base assez solide pour bien fournir à tous les besoins de haute éducation, après qu’elle eut près de deux cent mille habitants ; après que le mieux dirigé de tous nos collèges, celui qui nous était le plus cher par l’importance et l’éclat des services rendus, par