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étrangers à juger. Neuf sur dix prononcent pour la nôtre.

Depuis longtemps les meilleurs écrivains anglais sont aussi familiers avec la langue française qu’avec leur langue maternelle. Dans celle-ci, les anglais ne lisent de Hume et de Gibbon qu’une traduction, puisqu’ils avaient écrit et pensé leurs ouvrages en français, et ne se sont traduits qu’à la prière instante de leurs amis insulaires, quand leur choix et leur prédilection était d’écrire pour leurs amis continentaux, comme étant des juges plus nombreux et plus propres à assurer une belle et grande réputation à ceux dont ils applaudiraient les conceptions.

Mais, dira-t-on, les livres anglais se réimpriment aux États-Unis et s’y vendent à bas prix. C’est vrai, et il y a plus de lecteurs parmi les 20 million d’Américains que parmi les 30 millions d’Anglais, ce qui explique le tirage nombreux et les bas prix de l’Amérique. Oui, mais ces livres à bas prix, les lois de l’Angleterre nous empêchent de les recevoir. Il est vrai que cela ne saurait durer. Le libre commerce ou la contrebande nous les donneront. Des lois prohibitives, à côté des États-Unis, sont si irrationnelles qu’elles ne prouvent que l’ignorance du législateur.

Ces 20 millions de lecteurs seront 40 millions dans vingt ans, puis 80 millions dans quarante ans. Les livres seront donc à plus bas prix chez eux, que nulle part ailleurs au monde. Cela assure la prédominance des idées américaines sur toutes les autres. Il n’y a pas une chance entre mille, que les livres qui vanteront les bienfaits de l’institution, devenue tellement prépondérante en Angleterre, l’aristocratie, qu’elle maîtrise la royauté et le peuple, trouveront de l’écho en