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Nos pères furent les martyrs volontaires de leur piété et de leur patriotisme. De leur piété, fondant ici une société régénérée qui, pendant une longue suite d’années, a présenté un spectacle d’innocence, de vertu, de fraternité, de périlleuse et infatigable industrie, tel que les annales ecclésiastiques n’offrent rien de plus édifiant ; tel que les annales civiles et militaires n’offrent rien de plus chevaleresque dans la guerre, rien de plus audacieux et entreprenant dans les voyages de découvertes, rien de plus persévérant dans les travaux de colonisation. Ils furent les martyrs volontaires de leur patriotisme ceux qui voulant que, dans l’avenir, le beau nom de Francs ou hommes libres, de Français, devînt grand et impérissable dans le nouveau monde, comme il l’était dans l’ancien, l’apportèrent dans la Nouvelle-France, sachant bien que, pour beaucoup d’entre eux, c’était venir tomber sous le casse-tête, ou être brûlés vifs au fatal poteau de l’Iroquois.

Je vois ici une assemblée plus nombreuse qu’aucune autre qu’il y ait eu en Canada avant ce jour. Cette présence inusitée des chefs de notre clergé, dans une réunion qui s’occupe d’intérêts temporels, vous révèle quel sera le zèle et le concours unanime et puissant de tous ses membres, est une manifestation qu’ils regardent cette œuvre comme une œuvre sainte, vitale et indispensable à la conservation du peuple qu’il chérit. Eh bien ! eux, ces recommandables ecclésiastiques ; vous, ce torrent populaire accouru ici et qui nous garantit que le sentiment qui l’y appelle anime l’universalité de nos compatriotes ; vous, généreux missionnaire Irlandais, qui aimez vos frères adoptifs comme vos frères nationaux, comme en général ils s’aiment mutuellement, et qui avez le premier appelé l’attention du pays sur l’objet vital qui nous intéresse tous, le prochain établissement des townships, pour élever à la dignité de cultivateurs indépendants une foule de ceux qui autrement s’expatrieraient pour rester serviteurs à l’étranger ; vous, forte jeunesse, l’espoir et l’honneur de la patrie, qui, à la voix du dévoué, de l’éloquent M. O’Reilly, avez commencé l’organisation de notre association, vous tous, et moi avec vous tous, avons la foi la plus vive, avons les convictions les plus intimes, que