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pulsion des Acadiens jusqu’à la réunion des Canadas.

Oh ! l’expatriation des Acadiens ! Elle fut à la fois l’un des crimes politiques, le plus lâche dans ses moyens d’exécution, et le plus intrépide dans le dédain de son auteur, pour la morale et pour l’humanité, dans l’insouciance de son auteur pour l’infamie qu’il attachait à son nom, qui ait jamais souillé les annales de l’histoire.

L’on réunit en masse les Acadiens, sous prétexte de leur donner des titres à leurs terres, et, dès qu’ils eurent donné dans le piège, ils se virent enveloppés soudain par la force armée et par la subtile apparition, au milieu de la paix, au seul et premier jour de justice et d’allégresse qui leur eût été promis, d’une flotte immense, inattendue, qui les eût foudroyés, s’ils avaient tenté de fuir. Ils virent l’incendie dévorer la totalité de leurs habitations ; des plus malheureuses il est vrai qu’il eût sur terre, dans l’ordre politique ; mais dans leur intérieur social, les plus heureuses puisqu’elles furent les plus vertueuses qu’il y ait jamais au monde.

Ces dix-huit mille victimes de la trahison, et d’une fureur insensée, qui dépeuplait sa province, d’une si grande population industrieuse et morale, pour distribuer à dix-huit-cents aventuriers, vétérans licenciés, leurs terres, les plus riches et les mieux cultivées qu’il y eût dans l’Amérique du Nord, avant cette conflagration