Page:Papineau - Aux électeurs du comté et de la ville de Montréal, 1827.djvu/9

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’ils n’auraient jamais faite s’ils n’avaient pas été trompés. — Quoi ! donc, si je m’aperçois après coup que j’ai promis de percer le sein de mon meilleur ami, ne serai-je pas un barbare de tenir ma promesse ? À plus forte raison y aurait-il de la honte et de la cruauté à tenir une promesse de trahir son propre pays. Et c’est vraiment le trahir, en ce moment, que de donner sa voix à M. Grant, à M. Molson, à MM. M’Gill et Delisle, non pas parce qu’ils ne sont pas des honnêtes gens comme simples citoyens ; mais parce que nous sommes sûrs que dans la Chambre ils seront contre nos intérêts, puisqu’ils sont présentés par ceux qui, de long-tems, cherchent à nous ôter nos établissemens, par ceux qui sont nos ennemis jurés et qui nous méprisent, quoiqu’ils soient polis pendant les élections, par ceux enfin qui voudraient compter le nombre des écus dans leur poche, par le nombre de sueurs des habitans du pays.

Nous laisserons-nous désunir ? Irons-nous lâchement nous ranger sous les drapeaux de nos ennemis pour combattre nos propres frères ? L’amour de nos enfans auxquels nous forgerions des chaînes, l’amour de nous-mêmes qui serions les premiers à les porter, ne nous retiendra-t-il pas ? La honte même et la vue de l’infamie dont nous nous couvrirons ne pourront-elles nous arrêter ? Nous rendrons-nous coupables de la plus noire ingratitude en refusant nos voix à des Représentans qui nous ont si bien servis, qui n’ont cessé de veiller à nos intérêts, qui ont essuyé pour nous des reproches amers, et qui, pour notre cause, sont tous les jours exposé à des calomnies atroces, à des accusations outrageantes, et qui les endurent avec patience pour le bien du pays ?


Ô ! Canadiens de toute origine ! ne flétrissons pas notre nom par une injustice si criante ! Rallions nous autour de nos fidèles Représentans ; rendons-nous au poll en foule pour soutenir :

MM. Valois et Perrault, pour le Comté ;
Heney et Leslie, pour le Quartier Est ;
Papineau et Nelson, pour le Quartier Ouest.


Méprisons toutes menaces, toutes promesses ; elles ne peuvent agir que sur les lâches partisans d’une mauvaise cause, d’une cause injuste. Pour nous qui avons des voix libres et indépendantes à donner, donnons les à ceux qui les ont déjà méritées par leurs services.