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à eux. Ils veulent détourner notre attention de la question importante des finances, parce qu’ils ne peuvent plus nous tromper sur ce sujet, que tout le monde connaît l’affaire et leurs vues intéressées. Pour nous étourdir, ils crient contre les anciens Membres, en les accusant d’avoir négligé d’autres mesures qui sont d’un très-petit intérêt quand on les compare à la question des finances ; et, ce qui est le plus singulier, c’est que tout ce qu’ils débitent par rapport à toutes ces mesures, porte l’empreinte du mensonge et n’est que pour calomnier nos bons Représentans qui ne les ont pas négligées. Ne leur répondons qu’en leur demandant : à qui la faute si les bills nombreux et utiles, passés par notre Chambre, ont été rejetés dans le Conseil ? À qui la faute si les autres bills qui y ont été introduits n’ont pu être achevés ? À qui la faute si nos Membres ont été renvoyés dans un tems où ils travaillaient avec la plus grande ardeur au bien être du pays ? Demandons leur si c’est bien honorable d’arrêter les travaux d’un corps respectable de Représentans, tout exprès pour faire croire au pays que ces Représentans n’ont rien fait ? Honte, honte à jamais aux accusateurs qui en sont eux-mêmes la cause !  !  !

Mais je vais plus loin, et je dis que, quand bien même tout ce que nos ennemis débitent par rapport à toutes ces mesures serait aussi vrai qu’il est faux, on ne devrait pas y faire la moindre attention dans ce moment-ci, parce que c’est une ruse du parti opposé qui voudrait nous faire oublier le grand point, en faisant semblant de prendre notre intérêt. Tenons-nous sur nos gardes. Quand un tigre furieux vient, la gueule ouverte, pour dévorer un homme, il serait fou de s’amuser à chasser quelques mouches qui menaceraient de le piquer. Eh ! bien, nos ennemis veulent nous cacher l’arrivée de ce tigre, et ils nous disent, en affectant un ton de charité, de prendre garde à ces petites mouches. Ils présentent devant nous de vains fantômes, pour qu’une frayeur subite nous fasse reculer et précipiter dans un abîme entr’ouvert derrière nous. Seront-ils plus fins que nous ? La prochaine élection le dira. Elle dira aussi combien il y a de traîtres qui, pour un vil intérêt, ou par une crainte servile, abandonneront lâchement leurs frères occupés à défendre, contre la tyrannie et l’oppression, le sol de leur naissance ou leur Patrie adoptive. Il n’y en aura sans doute que bien peu ; le mépris public fera justice de leur infâme trahison. Il peut cependant s’en trouver quelques-uns de bonne foi qui, trompés par nos adversaires, se sont engagés à donner leurs voix à nos opposans. Mais, qu’ils songent qu’ils sont toujours libres, et qu’il y a plus d’honneur à se réunir à leurs frères, vrais Canadiens, qu’à tenir une promesse