Page:Papineau - Aux électeurs du comté et de la ville de Montréal, 1827.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.

gent d’un honnête citoyen, et que quelques personnes vinssent à les découvrir et à les en empêcher, ces voleurs seraient-ils bien contens de ceux qui les arrêteraient ainsi ? Leur donneraient-ils des éloges et des remercîmens, quoique ce fût une action bien juste ? Oh ! non certainement : et même si, à force de mensonges et d’accusations, ils pouvaient faire passer ces personnes pour des menteurs et empêcher qu’elles ne fussent crues, pour aller ensuite accomplir leur premier objet de voler l’argent, ils le feraient sans hésiter. Eh ! bien, mes amis, peut-on croire que ceux qui veulent piller l’argent public sont plus scrupuleux que ceux qui pillent celui des particuliers ; et doit-on trouver étrange qu’ils accusent ceux des Représentans qui les en empêchent, d’être des factieux, des révolutionnaires, des contempteurs du gouvernement, et qu’ils inventent contre eux bien d’autres calomnies également infâmes. Nous ne disons pas que la Chambre d’Assemblée doit s’opposer à l’administration quand celle-ci demande des choses justes. Aussi elle ne l’a jamais fait. Mais dire qu’elle ne peut pas résister quand on lui demande des choses injustes, c’est le comble du ridicule et de la folie. Pourquoi donc est-elle établie ? Si elle n’avait pas déjà souvent résisté, il y a long-tems que nous serions écrasés, et que nous serions les esclaves d’une poignée insolente de gens en place qui nous méprisent et nous insultent. Mais grâce à notre Chambre nous ne le sommes pas ; et nous ne le serons pas non plus, grâce aux bonnes élections que nous allons faire.

N’allons pas nous jeter dans le piège de nos ennemis qui ne cessent de nous appâter. Il est aisé de voir quel est le côté de la justice. Si l’on trouve quelques Canadiens qui travaillent contre nous, n’y faisons pas attention. Ce sont, pour la plupart des esclaves vendus ; ce n’est pas leur opinion qu’ils suivent, c’est celle du maître qui les paye. Voyons quel parti est le plus honorable, le plus sûr, le plus juste, et suivons le. Voyons quelle cause est la meilleure, la plus noble, ou de celle qui est appuyée sur la justice et sur la vérité, ou de celle qui ne peut se soutenir que par des mensonges, des bassesses, et par la corruption. Jugeons et agissons en conséquence.


AMIS ! MES COMPATRIOTES ! s’il brule dans nos cœurs une étincelle de la pure flamme du patriotisme, ne demeurons pas indifférens. Nous sommes près d’arriver au port : encore un coup de rame et nous serons en sûreté. Nos ennemis préparent leurs derniers coups. Leurs efforts sont ceux de la rage et du désespoir. Rendons les inutiles et la Patrie est sauvée.