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à ceux qui ne peuvent plus se dégager des conséquences qui découlent de leurs admissions, à démontrer que l’ordre nouveau est meilleur que l’ancien, que les réformes qu’ils ont indiquées étaient sincères et suffisantes ; que le gouvernement responsable tel qu’il a fonctionné, n’a pas été un mot jeté au hasard, une vaine théorie nullifiée par la pratique et par les explications des lords Russell, Sydenham et Metcalfe ; que l’acte d’Union accompagné de cette concession a été donnée pour que l’influence populaire se fît efficacement respecter par les gouverneurs. Moi je ne crois à rien de tout cela. Si je croyais à des dispositions libérales chez les hommes qui ont passé l’acte d’Union des Canadas, je pourrais être tenté d’accéder à votre demande de rentrer dans la vie publique, malgré la fatigue, les dégoûts, les persécutions qu’y ont éprouvés tous les représentants qui ont défendu avec intégrité vos droits et vos intérêts, parce qu’alors j’admettrais qu’ils permettront au parlement provincial une législation conforme à vos vœux, conforme à la grande voix de la majorité, et que la perspective de pouvoir aider à faire du bien au cher pays de notre naissance, l’emporterait sur l’éloignement que doit avoir tout homme qui n’a d’autre ambition que celle du bien public, à assumer la responsabilité morale qui pèse sur ceux des représentants coloniaux qui avec de l’influence pour faire goûter leurs opinions, aiment leur patrie de naissance ou d’adoption et ses libertés, plus qu’ils n’aiment une métropole éloignée, avec ses monopoles, ses privilèges et ses partialités.

Lord Russell qui a fait passer l’acte d’Union ne l’a pas fait pour nous donner un meilleur gouvernement que celui qu’il supprimait. Ce n’était pas par une iniquité aussi patente que l’on voulait préparer un avenir de justice, de conciliation et de contentement. Les documents officiels placés sous ses yeux surchargeant les tables du Parlement, établissaient que dans le Bas-Canada, la proportion de ceux qui repoussaient ce projet était de neuf contre un. L’acte ne nous est pas moins imposé par la coercition. Un aussi flagrant mépris pour les sentiments connus et exprimés des populations, est le renversement des premiers principes de toute morale politique ; il déclare nuls et dérisoires les mots droits des colonies, aux jours de leur faiblesse. Dans ces provinces et hors de ces provinces, il n’est pas un colon qui, s’il se respecte et sa dignité d’homme et de