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en 1834, empêché de jamais agiter la question du rappel de l’acte d’Union. Ils sont gênés par la nécessité de ménager les libéraux du Haut-Canada qui ne peuvent si facilement reconnaître qu’ils sont tombés dans une erreur fatale tant qu’ils nourriront le plus mince espoir de faire fonctionner avantageusement le gouvernement responsable. Toute division entre les libéraux de toute nuance doit être soigneusement évitée, et c’est pour cela que je dois hésiter à me rendre à votre invitation spontanée de rentrer dans la vie publique. L’on ne peut rien de plus honorable pour moi que votre démarche, et j’ajoute, rien de plus consolant après le deuil intarissable que nous ressentons de l’incendie et de la dévastation de tant de portions du pays, de l’exécution sanglante, de l’exil, de la déportation, de la ruine et des souffrances d’après des sentences militaires illégales d’un si grand nombre de nos concitoyens les plus chers et les plus respectés, que cette manifestation de votre part qui prouve que vous êtes demeurés les mêmes hommes politiques que vous étiez en 1834, et que vous croyez que je suis demeuré le même que j’étais au jour de notre séparation forcée, inébranlablement attaché aux réformes que je demandais alors après trente ans d’études politiques les plus assidues dont j’ai été capable.

Je ne crois pas qu’aucun de ceux qui les ont votées avec moi, comme moi librement et volontairement aient cessé de regarder cette époque, comme l’une des plus honorables de leur vie publique, qu’ils aient répudié aucune des doctrines qu’ils professèrent, qu’ils aient renoncé à aucune des réformes qu’ils sollicitèrent. Ils se rapetisseraient trop, que d’attribuer à l’influence de quelqu’autre homme que ce fût, aucune des déterminations qu’ils ont prises et qu’approuvèrent la majorité de leurs concitoyens. Ils ont pu juger prudent d’ajourner la considération des réformes demandées par la crainte d’aliéner de la bonne cause quelques membres et grand nombre de concitoyens, autrefois tories et consciencieusement passés depuis dans les rangs réformistes, et surtout par la crainte de blesser la section libérale des représentants du Haut-Canada. Mais ils n’ont sans doute pas renoncé à l’espoir d’obtenir, ni à la volonté de demander d’amples réformes au premier moment qu’ils jugeront favorable.

Tout ce qui nous les donnera, dans quelque arrangement politique que ce soit, nous est bon. Puisque la majorité des représentants veut encore essayer d’une combinaison qui a été si inefficace depuis quatre ans, réunissons-nous à cette majorité ; que nul dissentiment ne trouble l’unité de leurs efforts. C’est parce qu’en approuvant leur action et leurs réformes projetées, je ne puis également applaudir à leur silence, que je vous déclare honnêtement que