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hauteur, et je vis la première frégate tout en feu ; peu de temps après, une fumée noire dans la seconde qui sauta, et qui prit ensuite en feu. Ce sont les Anglais qui y ont mis le feu de crainte que nous en profiterions.

1er août. — Les Sauvages et les Canadiens, malgré les défenses qu’on leur faisait d’aller, crainte d’être exposés au canon de l’ennemi, à la 1ère frégate brûlée et que la mer avait éteint, y furent sauver du lard, de la farine, des pics, des pioches, des balles d’écarlatine et plusieurs autres effets. Par ce, on peut juger si ce bâtiment était riche.

Le capitaine écossais, prisonnier, a dit qu’il était à la tête de 50 grenadiers ; que ceux qui étaient avec lui étaient les troupes choisies, mais qu’ils l’avaient abandonné ; et qu’il y avait une grande terreur dans l’armée. Ils ont continué à canonner et bombarder la ville.

2. — Ils ont fait de même jusques à deux heures après-midi qu’ils ont cessé, et de là jusqu’à six heures du soir, ayant envoyé un parlementaire de la part de cet officier écossais qui demandait son domestique, ses hardes et linges et de l’argent. On lui a tout envoyé à l’exception de son domestique. À six heures, ils ont continué leur bombardement avec fureur, pour réparer le temps perdu.

3. — On a craint la nuit, par le mouvement de trois gros vaisseaux qui portaient le cap sur la ville, et par plusieurs qui filaient le long de la côte de Lévy, une autre descente soit à la ville, soit à l’Anse-des-Mères, mais il ne s’est passé rien de nouveau.

4. — Continuation du bombardement. Ils n’avaient porté leurs bombes qu’à la haute et qu’à la basse-ville ; ils en envoyèrent quelques unes de 80 par delà les murs, et dans le quartier St. Roch.

5. — Je partis pour Ste. Anne, voir mon épouse. On avait dépêché un courrier pour les trois vaisseaux mouillés, qui étaient la frégate commandée par M. Vauquelain, la Pie par M. Sauvage et le Duc de Fronsac appartenant à M. Grani.

6. — Ces trois bâtiments appareillèrent et montèrent le Richelieu, et les vaisseaux anglais ne firent aucun mouvement. Ces trois bâtiments ont mouillé vis-à-vis l’église des Grondines. Nous avons appris que nous avions fait sauter les Forts de Carillon et St. Frédéric à l’approche de 12,000 hommes ennemis. Nous n’en avions que 3000. On s’est replié à l’Isle aux Noix.

7. — Les Anglais tentèrent deux descentes à la Pointe aux Trembles, l’une à 4 heures du soir, vis-à-vis de l’église, composée d’environ de 200 hommes, qui ne mirent pas pied à terre et qui perdirent environ 60 hommes. M. de Bougainville, colonel et commandant des Grenadiers, s’aperçut que cette attaque n’était qu’une feinte, ayant vu passer