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21 — Trois frégates parurent à la vue de Québec et mouillèrent à la vue de l’anse du Fort et au Trou (Trou de St. Patrice, Île d’Orléans).

24 — Gros nord-est ; il s’est perdu un gros bâtiment sur la batture proche l’Anse du Fort ; mais ils ont sauvé la cargaison. Sept autres petits bâtiments de transport échouèrent dans le Trou, dont la majeure partie perdue. Il est à observer que les officiers anglais ont mouillé leurs gros vaisseaux où nous avions coutume de mouiller des vaisseaux marchands ; étant tous mouillés au sud de la Pointe de Lévy vis-à-vis de l’église jusqu’à la batture de Beaumont.

« Placard de par Son Excellence James Wolfe, Major-Général d’Infanterie, Commandant en chef des Troupes de Sa Majesté Britannique sur la Rivière St. Laurent.

« Le Roy mon maître, justement irrité contre la France, a résolu d’en rabattre la fierté, et de venger les insultes faites aux Colonies Anglaises ; s’est aussi déterminé à envoyer un armement formidable de mer et de terre que les habitants voient avancer jusques dans le centre de leur pays. Il a pour but de priver la Couronne de France des établissements les plus considérables dont elle jouit dans le Nord de l’Amérique.

« C’est à cet effet qu’il lui a plu de m’envoyer dans ce pays à la tête de l’armée redoutable actuellement sous mes ordres. Les laboureurs, colons et paysans, les femmes, les enfants, ni les ministres sacrés de la religion ne sont point l’objet du ressentiment du Roi de la Grande-Bretagne ; ce n’est pas contre eux qu’il élève son bras ; il prévoit leurs calamités, plaint leur sort et leur tend une main secourable.

« Il est permis aux habitants de venir dans leurs familles, dans leurs habitations. Je leur promets ma protection et je les assure qu’ils pourront, sans craindre les moindres molestations, y jouir de leurs biens, suivre le culte de leurs religions ; en un mot, jouir au milieu de la guerre de toutes les douceurs de la paix : pourvu qu’ils s’engagent à ne prendre directement ni indirectement aucune part à une dispute qui ne regarde que les deux couronnes. Si, au contraire, un entêtement déplacé et une valeur imprudente et inutile leur fait prendre les armes, qu’ils s’attendent à souffrir tout ce que la guerre offre de plus cruel. Il leur est aisé de se représenter à quel excès se porte la fureur d’un soldat effréné ; nos ordres seuls peuvent en arrêter le cours, et c’est aux Canadiens, par leur conduite, à se procurer cet avantage. Ils ne peuvent ignorer leur situation présente : une flotte formidable bouche le passage au secours dont ils pourraient se flatter du côté de